Jamel Balhi

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Perdu dans une légende indienne

Tous les trois ans, l’Inde tout entière frémit ; les villages s’agitent, les monastères se vident, des grottes de l’Himalaya descendent des ermites nus recouverts de cendres, de la côte de Malabar, du cap Comorin, du golfe du Bengale, des monts Vindhya, du désert du Thar dans le Rajasthan convergent des charrettes de toutes sortes, des cortèges de moines, des bandes de clochards célestes, des troupes de lépreux, de culs-de-jattes sur leur skateboard bancal, des conducteurs de rickshaws opportunistes, des vendeurs de thé à la criée et des troubadours un peu lourds, des trains pleins de citadins, une foule prodigieuse assoiffée de sainteté… Voici les pèlerins de la Kumbh Mela, le plus grand rassemblement religieux du monde ; le plus pacifique aussi. La Kumbh Mela, autrement dit Fête de la Cruche ; le vase sacré contenant le nectar d’immortalité. Ou comment une légende millénaire comme l’Inde en a le secret…

En Arménie – for mi, for mi, formi-daaa-ble !…

Je viens tout juste d’arriver à Erevan et voilà qu’une babouchka aux formes aussi généreuses que son sourire m’offre un lavash encore tout chaud et croustillant qu’elle vient de sortir du four creusé dans le sol. Ce pain en forme de grande galette fine – comme dans les pays du Maghreb – est un morceau de la culture arménienne, au point d’être inscrit sur la liste du Patrimoine immatériel de l’UNESCO. Selon l’organisation, la réalisation de ce pain traditionnel permet de « renforcer les liens familiaux, communautaires et sociaux ». Il est aussi utilisé pendant l’eucharistie, et même placé sur l’épaule des jeunes mariés pour leur souhaiter prospérité et fertilité. Je repars avec ce trésor national, en me disant que je vais aimer ce pays. Les effluves soviétiquesErevan est une ville dense mais à taille humaine, comme ses voisines du Caucase. Turquie ? Iran ? Russie ?… Un beau cocktail culturel ! La ville semble avoir…

Hong Kong – dans un monde qui avance

Aucun musée ni parc à thème, aucun manège de fêtes foraines ne pourront jamais offrir une expérience aussi trépidante qu’une plongée au cœur d’une foule de travailleurs Hongkongais en col blanc, à l’heure de pointe. Le hasard a voulu que je me trouve un matin de décembre aux alentours de Wan Chai, le saint des saints du monde des affaires à Hong Kong, avec ses banques aux noms anglo-saxons, ses gratte-ciel en verre et acier aux formes tarabiscotées. Ces mêmes tours qui ont donné son image de carte postale à l’ancienne colonie britannique. Métros, bus, tramways et ferries déversent à une cadence de métronome des bataillons de travailleurs tirés à quatre épingles, aux côtés desquels j’ai l’air d’un clochard tombé du ciel. Un entrelac de passerelles couvertes et surélevées court au-dessus des trottoirs, allant de rue en rue, traversant même les galeries marchandes pour ressortir au-dessus d’une autre rue. On dirait…

Au Ladakh – Petit royaume bouddhiste

Au premier jour de mon séjour à Leh, la petite capitale du Ladakh, je n’ai rien trouvé de mieux que gravir les 598 marches d’escalier conduisant vers le Stupa de la Paix perché au sommet d’une colline rocheuse. À 3 500 mètres d’altitude, l’oxygène se fait rare, le souffle court ; quelques jours d’acclimatation s’imposent. Heureusement, ma machine a conservé en mémoire tous les marathons parcourus en ce monde. Ce grand stupa – monument en forme de dôme contenant une relique du Bouddha – d’une blancheur immaculée a été bâti dans les années 1980 par des moines japonais pour promouvoir la paix dans le monde. La première pierre fut posée par Sa Sainteté le Dalai Lama. En ce début septembre aux températures encore clémentes, une lumière surréaliste émane du ciel bleu limpide. La vue est littéralement à couper le souffle et le regard porte loin. Je devine sans mal, à…

À Dakar

Les routes d’Afrique J’ai toujours pensé que le pire qui pourrait m’arriver dans un voyage, est qu’il ne m’arrive rien ; et les trottoirs de Dakar m’ont réservé une sale surprise. Ce matin, je m’en vais visiter l’ancienne gare ferroviaire de la capitale sénégalaise construite en 1885 par les Français. Un bon point de vue sur l’architecture coloniale de l’époque de Faidherbe, m’étais-je dit… Dans une rue poussiéreuse du quartier populaire Keur Khadim où je loge, je pose le pied sur une plaque d’égout qui pivote aussitôt sous mon poids. À la vitesse d’un éclair, ma jambe droite est emportée et s’enfonce jusqu’à la cuisse dans le trou noir : j’entends un grand « splash ! » L’égout est plein à ras bord d’un liquide grisâtre et pestilentiel qui fait fuir même les mouches tellement l’odeur est insupportable. Mon pantalon passe du beige au noir et surtout le tibia est écorché et…

Au Kirghizstan

Ouzbékistan… Kazakhstan… Tadjikistan…. Fermés ! Du Kirghizstan je comptais partir à la découverte d’autres pays d’Asie centrale, mais les deux premiers sont interdits aux étrangers, à moins de s’astreindre pour raison sanitaire à une pesante et onéreuse quarantaine. Une quarantaine, c’est l’antivoyage assuré. Contact coupé, ailes repliées, jambes au repos si ce n’est pour faire les cent pas entre les murs d’une chambre d’hôtel imposée dont il faudra s’acquitter soi-même du prix. 

Au Népal

Il existe bien un poste de douane à Sonauli entre l’Inde et le Népal, mais je suis passé à côté sans le voir. Je réalise ma bévue plus loin, en découvrant les plaques d’immatriculation népalaises dans le village de Bhairahawa. Malgré un visa en bonne et due forme, j’ai quitté l’Inde sans le tampon de sortie.

Dans les rues de San Francisco

Le premier jour où je débarque en Amérique, j’aperçois un homme à la fenêtre du deuxième étage de son immeuble à deux pas de l’Hôtel de ville torpiller les véhicules et les passants avec des bouteilles pleines, des bocaux de confiture, des boîtes de conserves et tout ce qu’il trouve dans son garde-manger pour servir de projectiles. Des conducteurs effarés se retrouvent avec leur pare-brise fracturé. Un climat de panique s’abat dans la rue ; le forcené a l’air bien décidé à détruire San Francisco avec le contenu de son frigo. Une odeur de vinasse imprègne la chaussée jonchée d’éclats de verre. L’état de guerre est déclaré au 385 Fulton street ! La police a été appelée il y a une demi-heure mais toujours pas de gyrophare en vue ni de sirène. Un homme a garé sa voiture plus loin avec son capot défoncé par une boîte de thon. Cet ancien…

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